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Conseils Recherches-Actions pour un Développement Durable
6 janvier 2011

NTRODUCTION

La Prière de Jésus est un des plus importants éléments de la spiritualité orthodoxe ; elle peut être considérée comme la "perle précieuse" de la spiritualité orthodoxe : Le royaume de cieux est encore semblable à un marchand en quête de perles fines : en ayant trouvé une perle de grande prix, il s'en est allé vendre tout ce qu'il possédait et il l'a achetée (Mt 13,45-46). La Prière peut aussi être assimilée aux "cinq paroles" auxquelles fait allusion Saint Paul : Je préfère dire cinq paroles avec mon intelligence pour enseigner aussi les autres que dix mille paroles en langues (1 Co 14,19) (en grec, la Prière est souvent composée de cinq mots)

La Prière de Jésus fait partie intégrante de la tradition spirituelle hésychaste, dont les origines remontent aux Pères du désert des IVe et Ve siècles. De nos jours, la Prière connaît une étonnante popularité, non seulement parmi les orthodoxes, mais aussi parmi les chrétiens d'autres confessions. La Prière de Jésus est une tradition vivante qui peut mener aux sommets de la vie spirituelle - nous n'avons qu'à nous arrêter un moment sur la vie et les écrits de quelques saints russes des XIXe et XXe siècles, par exemple, Séraphim de Sarov, Théophane le Reclus, Ignace Briantchaninov et Silouane l'Athonite, pour être convaincus de l'importance de la Prière de Jésus dans leur vie spirituelle.

En Occident, la Prière de Jésus est resté très longtemps inconnue, comme d’ailleurs toute la tradition hésychaste, à cause de la séparation des Églises d’Orient et d’Occident et des controverses théologiques concernant l'hésychasme au XIVe siècle. C’est seulement au XXe siècle que l’Occident commence à s’intéresser à la spiritualité de l’Église d’Orient, mais dans un premier temps la connaissance de la tradition hésychaste est restée un privilège de spécialistes. En 1927, par exemple, le Père Irénée Hausherr, jésuite français spécialiste de la spiritualité orientale, a publié dans la revue romaine Orientalia christiana une traduction de La méthode d'oraison hésychaste, texte anonyme concernant une approche psychosomatique de la Prière de Jésus. L’introduction du Père Hausherr présente un survol de quelques aspects de l’hésychasme, dont la Prière de Jésus, surtout dans le contexte des controverses hésychastes du XIVe siècles entre Orient et Occident.

La Prière de Jésus a été découverte par un large public grâce notamment aux Récits d'un pèlerin russe à son père spirituel, parus pour la première fois à Kazan en Russie vers 1870. Ce petit livre anonyme, histoire simple des aventures et de la vie spirituelle d'un paysan russe du XIXe siècle en quête de Dieu, reste d'ailleurs une très bonne première prise de contact avec la Prière de Jésus. Le pèlerin fait pénétrer le lecteur au coeur de la campagne russe peu après la guerre de Crimée (1854-1856) et avant l’abolition du servage en 1861. On voit passer les personnages typiques de l’époque : paysans, fonctionnaires, commerçants, artisans, nobles, membres de sectes, instituteurs et prêtres de campagne. Le pèlerin s’inspire de la tradition hésychaste, guidé dans sa recherche de Dieu par un starets (un "ancien") qui l’introduit à la Prière de Jésus, sa seule véritable nourriture.

Dans un langage simple et clair, le pèlerin nous fait entrer dans l’expérience spirituelle au plus haut niveau que l’on associe volontiers au renouveau spirituel de la Russie au XIXe siècle, mouvement que l’on nomme parfois le "renouveau philocalique", puisqu’il a été largement inspiré par la diffusion de la fameuse Philocalie. En fait, le pèlerin n’a que deux livres : la Bible et la Philocalie. La Philocalie des Pères neptiques, publiée en grec à Venise en 1782 et en slavon à Moscou en 1793, est une anthologie d'écrits spirituels centrés sur l'hésychasme et la Prière de Jésus, par les grands maîtres de la spiritualité de l'Église d'Orient entre le IVe et le XIVe siècle. Le mot Philocalie veut dire en grec "amour de la beauté" ; ici, la vraie beauté est la beauté spirituelle : Où est ton trésor, là aussi sera ton cœur (Mt 6,21). La Petite Philocalie de la prière du cœur de Jean Gouillard est composée d'extraits de la grande Philocalie concernant la Prière de Jésus.

La première traduction française des Récits d'un pèlerin russe remonte à 1928, dans la revue Irénikon du monastère bénédictin d’Amay en Belgique (devenu le monastère de Chevetogne). Cette première parution modeste n’a connu qu’une distribution restreinte et il faut attendre à 1943, en pleine guerre, pour une première publication dans le marché commercial. La traduction des Récits par Jean Laloy, écrivant sous le nom de plume de Jean Gauvin, est parue aux Éditions Nestlé à Neuchâtel et reprise depuis aux Éditions du Seuil.

C’est à la fin de années quarante que commencent à apparaître des textes sur la Prière de Jésus écrits par des orthodoxes et adressés, pour la première fois, à un public essentiellement non orthodoxe, dans un but de diffuser et, en quelque sorte d’encourager, la pratique de la Prière de Jésus. Il s’agit par exemple des articles de Nadejda Gorodetski, "La Prière de Jésus" (1942), d’Élisabeth Behr-Sigel, "La Prière de Jésus : Le mystère de la spiritualité orthodoxe" (1947), et du livre du Père Lev Gillet, le "Moine de l’Église d’Orient", La Prière de Jésus (paru en anglais en 1950 et en français en 1951). Avec la publication des Récits d’un pèlerin russe aux Éditions du Seuil en 1953 et la première publication de la Petite philocalie de la prière du cœur la même année par les Éditions des Cahiers du Sud, c’est à partir de cett époque que la Prière de Jésus commence a être connue en dehors de son berceau traditionnel du monde orthodoxe.

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