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Conseils Recherches-Actions pour un Développement Durable
6 novembre 2012

Collection « Méthodologie en sciences sociales »

"Structuralisme et méthodes de recherche en sciences sociales.
Claude Lévi-Strauss: Anthropologie structurale"
.
Extrait de: Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale.
Paris, Plon, Agora, 1958 et 1974, pp. 328-378.

La recherche d’une structure, selon Claude Lévi-Strauss, est une méthode globale d’appréhension d’une société, applicable ainsi à tous ses secteurs et non pas réductible à l’une de ses composantes qui serait supposée en être « une » ou « la » « structure ». « La notion de structure sociale ne se rapporte pas à la réalité empirique, mais aux modèles construits d'après celle-ci. (…) Les relations sociales sont la matière première employée pour la construction des modèles qui rendent manifeste la structure sociale elle-même. »

L’élaboration d’un « modèle » constitue le fondement de la démarche, un modèle intégrant d’une société tous les faits observés (par recueil ethnographique) et observables (par une prévision des évolutions), les mettant tous en relation en sorte que la modification d’un élément y entraîne celle de tous les autres dans un système commun. Selon l’auteur, certaines disciplines, comme la sociologie et l’ethnologie, se prêtent davantage à la construction de modèles, à partir des données issues du travail empirique d’autres disciplines comme l’histoire et l’ethnographie (mais, à l’encontre de cette conception, nous pourrions nous interroger d’une part sur la possibilité de recueillir des « faits » sans théorisation préliminaire et sans « modèle » d’observation et d’autre part sur la possibilité de recueillir la totalité des faits quels qu’ils soient). Entre ces disciplines et leurs procédés respectifs, les modèles s’inscrivent dans des organisations ou représentations distinctes et complémentaires du temps. D’un côté le temps « mécanique » chez l’ethnologie qui ne donne pas la primauté à la chronologie (Ferdinand de Saussure dont s’inspire l’auteur parlant lui de « synchronie », c’est-à-dire d’étude d’un ensemble de faits à un même instant en dehors de tout enchaînement et de toute évolution temporels) cette option ayant la préférence de l’auteur qui attribue une certaine valeur aux recherches inscrites sur les relations dans l’espace ; d’un autre côté le temps « statistique », non réversible et cumulatif (« diachronique » chez Saussure), avec un « avant » et un « après » (temps moins prisé par l’auteur qui y craint des ruptures et des hétérogénéités entre les faits ainsi recueillis et reliés). C’est par et dans un « milieu commun », composé par des limites autour d’un espace et d’un temps solidaires, que s’établissent le modèle et la structure afférente.

Nettement influencé par les travaux de Sigmund Freud comme par ceux de Ferdinand de Saussure, Lévi-Strauss programme l’atteinte de la structure profonde de la société, plus que celle superficielle et apparente, en pénétrant « l’inconscient » de cette société, au-delà des représentations collectives et des normes instituées que celle-ci se donne en quelque sorte après-coup pour se penser au second degré, (constructions mentales secondaires qu’il faut aussi d’ailleurs prendre en compte comme des effets de la structure profonde et primordiale, comme appartenant à elle et représentant certains de ses aspects de ses dimensions). Ainsi le « conscient » doit donner accès à « l’inconscient » qui le commande avec plus ou moins de déformations (sans que pour autant cet inconscient de la structure porte chez Lévi-Strauss les problématiques de conflit et de « malaise » que Freud attribue aux rapports entre ordre social et pulsions individuelles).

La structure d’une société agit et se manifeste essentiellement en terme de « règles », - au-delà de la relative particularité d’une « culture » (que Lévi-Strauss considère comme un ensemble d’écarts significatifs observés sur des faits ethnographiques par rapport à un autre ensemble, en sorte qu’un même individu peut appartenir à plusieurs cultures selon les échelles du découpage et de la mesure des écarts). Dans ce cadre, les règles structurelles organisent divers types d’« ordres » (système de parenté, organisation politique et sociale, stratifications socio-économiques), ordres qui sont intégrables dans un ordre général. Ces règles, indépendantes de la nature des « joueurs » individuels ou groupés, impliquent, selon l’auteur, d’autres notion telles celles de « partie », de « coup », de « choix », de « stratégie ». En tant que règles elles s’exercent notamment sur les échanges et les « communications » : communications des femmes (par l’exogamie, les mariages et les alliances) des biens et des services (dans le marché dit « économique ») des messages (échanges linguistiques), toutes ces communications participant avec certaines analogies à un système commun et global (dans lequel nous retrouvons la recherche du « fait social total » que Marcel Mauss avait initiée dans son « Essai sur le don »). L’auteur, qui promeut la pluridisciplinarité jusqu’à la transdisciplinarité, espère ainsi à long terme la fusion entre l’anthropologie sociale, la science économique et la linguistique afin que soit mise en place une science totale et cohérente des communications d’une société toujours organisée comme un jeu sous un ensemble de règles.

Ainsi, le chercheur en sciences sociales, pour peu qu’il soit soucieux de se protéger à la fois des dangers de la spécialisation disciplinaire qui l’a formé et de ceux du découpage et de la sélection de l’objet d’étude qu’il choisit, aura grand profit à lire ou à relire le panorama « structuraliste » que ci-dessous Claude Lévi-Strauss, en 1952, nous propose des problématiques et des résultats des recherches appliquées aux hommes et à leurs sociétés.

 Téléchargement du fichier:structuralisme_sc_soc

Bernard Dantier, sociologue 8 juillet 2008

 

 

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